Introduction - Extrait 1 - Extrait 2 - Témoignage - Commander

 
 
Préface
 
     
 

Le scénario publié ici est le scénario de production, c'est à dire le dernier jet de scénario qui a servi à la production du film. Tout ce qui est imprimé dans ces pages a donc été tourné. Mais tout ne s'est pas retrouvé dans le montage final du film. Le premier montage de Oui, mais... faisait en effet 2 h 10. C'était très long. Trop long. Nous nous sommes rendus compte que certains éléments qui passaient bien à la lecture devenaient ennuyeux à l'image ou ralentissaient le rythme de l'ensemble. Nous avons alors réduit les dialogues et les démonstrations du thérapeute. Nous avons également resserré l'action sur Eglantine, ce qui nous a amenés à supprimer certaines scènes ou à en raccourcir d'autres. Certains rôles ont ainsi complètement disparu. D'autres ont été appauvris. La version publiée ici donne à découvrir les quelques 25 minutes qui ont été coupées. Elles ont été grisées pour permettre aux lecteurs qui le souhaitent de lire, en les sautant, la version définitive du scénario. Le DVD contiendra, parmi ses bonus, plusieurs des scènes coupées au montage.

Les notes que l'on trouvera en fin d'ouvrage sont de plusieurs natures. Un bon nombre d'entre elles concernent le sens et, plus particulièrement, tout ce qui a trait à la psychothérapie. Que ce soit par internet ou à l'occasion de projections-débats, de nombreuses questions m'ont été posées sur le sujet du film. J'en ai tenu compte. D'autres notes sont consacrées au passage du texte à l'image et à ses conséquences sur le scénario final. Car l'expérience, formidable, de ce premier film a été l'occasion d'apprendre un peu plus mon métier, de scénariste comme de réalisateur. J'ai eu confirmation d'un phénomène que j'avais déjà vécu en faisant mes courts métrages. Malgré tout le soin apporté en amont à l'écriture du scénario, la mise en image d'un texte de cinéma, son incarnation par des comédiens, l'apport de toute l'équipe de tournage et de post-production, tout cela contribue à modifier le film qui pré-existe sur le papier. On le verra plus bas avec l'exemple d'une erreur de costume, c'est parfois même un avatar de tournage qui peut enrichir le film. Je n'en déduis pas pour autant que je devrais à l'avenir me laisser aller sur l'écriture et compter sur le tournage ou le montage pour régler tous les problèmes de récit mais c'est instructif de constater qu'on ne peut pas tout bétonner dans le scénario de départ.

Il sera souvent question de "nous", c'est à dire du monteur, Dominique Pétrot, des producteurs, François Kraus et Denis Pineau-Valencienne, et de moi-même. Si je n'avais pas été également l'auteur de ce film, je pense que j'aurais associé le ou les scénariste(s) aux décisions qui ont eu une incidence importante sur le sens et la construction. Car les modifications de montage contribuent à réécrire le scénario définitif. Cela rejoint mon insistance à signer "un film réalisé par..." et non "un film de...". Je trouve cette dernière mention abusive. Encore plus quand le réalisateur, dont le nom apparaît derrière le "de", n'est pas scénariste. Même si je continue à penser que le scénario en est le poste le plus important, un film est un travail d'équipe. Oui, mais... a été écrit et réalisé par moi-même mais aussi produit par François Kraus et Denis Pineau-Valencienne, joué par Emilie Dequenne, Gérard Jugnot et bien d'autres, éclairé par Pascal Caubère, mis en musique par Philippe Rombi, etc, etc. Oui, mais... n'existerait pas sans la centaine de personnes qui y a collaboré.

On m'a beaucoup demandé ce que cela faisait de passer de la théorie à la pratique. Comme si j'étais descendu d'une sorte de fauteuil universitaire, duquel j'aurais écrit La dramaturgie, pour entrer dans l'arène artistique. Il m'est difficile de répondre car cela ne correspond pas à mon parcours. Quand j'ai rédigé La dramaturgie, j'avais déjà étudié le scénario et la mise en scène à Columbia University, écrit et réalisé plusieurs courts métrages, écrit des longs métrages et des épisodes de série, dont bon nombre ont été tournés. L'écriture et la réalisation de Oui, mais... m'ont énormément enrichi mais n'ont pas constitué une très grosse surprise. J'y ai retrouvé l'immense plaisir que j'éprouve à écrire mais aussi à réaliser et à monter. Et puis cela a confirmé ce que je savais déjà : il est plus facile de donner des conseils que de les appliquer. Grande découverte ! En fait, la nouveauté avec ce film c'est que, pour la première fois de ma vie, j'ai été directement confronté au jugement des autres. Certes, mes courts métrages et mon travail pour la télévision avaient été évalués mais cela restait diffus. Eh bien je dois dire qu'être soumis au regard des autres, que ce soit le public, la critique ou la profession, est une position confortable. Je ne dis pas que cela fait toujours plaisir mais je trouve cela sain et reposant. Juger les autres, même de façon constructive dans La Dramaturgie, ne m'a jamais mis très à l'aise. Le fait d'être jugé, dans quelque domaine que ce soit, prouve au moins une chose, c'est qu'on s'est mouillé. Je suis enchanté de m'être mouillé et je n'ai qu'une envie : me mouiller de nouveau. En attendant, c'est avec plaisir que je laisse le lecteur juge de ce qui suit. Et c'est avec le même plaisir que j'accueillerai ses commentaires (à cette adresse).


Yves Lavandier